Dans quelques jours, le 1er décembre 2024, se tiendra la Journée internationale du SIDA. L'occasion de faire un point sur l'épidémie avec le professeur Christian Courpotin, ancien pédiatre et expert auprès de l’OMS sur les questions de prévention dans la transmission du VIH de la mère à l’enfant.
Le professeur
Christian Courpotin,
actuellement en retraite,
était pédiatre, responsable
de l’unité "Pédiatrie –
Maladies infectieuses",
à l'hôpital Trousseau à Paris.
Il a apporté son expertise
à l’OMS sur les questions
de prévention de
la transmission du VIH
de la mère à l’enfant,
ainsi qu'aux Nations
Unies et à plusieurs ONG.
Son parcours professionnel
l'a amené à rencontrer
Sr Marie Stella
et à soutenir son action
contre le sida, à Dapaong
(photo DR).
Professeur Christian Courpotin : « L’épidémie est toujours mondialement présente malgré les progrès effectués tant pour la prévention que le traitement.
Prévention : un enjeu de premier plan
Si aujourd’hui, grâce aux médicaments antirétroviraux (ARV) les patients VIH peuvent mener une vie normale, le risque de “banalisation“ constitue un réel danger. “Pourquoi se protéger puisqu’il existe un traitement efficace ?" Cependant, sauf quelques cas très particuliers il n’existe toujours pas de guérison du VIH/SIDA.
La prévention reste donc au premier plan. Si l’éducation par rapport à la sexualité demeure essentielle, des progrès importants ont été réalisés dans les ARV capables d’empêcher la contamination en cas de rapport sexuel à risque que ce soit pour des rapports occasionnels ou répétés. C’est ce qu’on appelle la PreP (Prophylaxie pré exposition). La mise en pratique de formes injectables avec des médicaments à action prolongée (Long Acting) qui vont protéger le sujet pendant des périodes très prolongées constitue un réel progrès. Sur le continent africain où le VIH est encore très présent - en particulier dans les groupes à risque (homosexuels, usagers de drogue, travailleuses du sexe) - ces nouveaux ARV peuvent être d’un apport important pour un contrôle efficace de leur prise. Leur diffusion malheureusement est encore très limitée dans la plupart des régions.
Bien sûr il existe des prophylaxies avec des médicaments à action prolongée pris par la bouche pour ceux qui préfèrent cette voie d’administration tant pour des prises de risque accidentelles que pour des prises de risque répétées.
Traitement : vers une prise de médicaments moins lourde
D’importants progrès ont été réalisés pour le traitement des personnes vivant avec le VIH (PVVIH). Des médicaments de longue durée d’action à prise orale permettent de supprimer progressivement la prise quotidienne et d’assurer un traitement efficace sur des périodes de plusieurs mois avec une bonne surveillance de l'évolution. Ils existent également sous forme injectable ce qui a l’avantage de ne pas avoir à prendre d’ARV chez soi avec les problèmes que cela peut poser par rapport à la confidentialité. Il faut souligner que la stigmatisation des personnes vivant avec le VIH demeure très importante dans de nombreux pays, y compris la France.
Recherche : deux grands axes de travail
La recherche demeure très active pour la découverte de nouvelles molécules capables de bloquer le virus mais celles-ci sont encore à l’essai : nous sommes loin de leur utilisation clinique.
Quant à la vaccination, si de nouveaux vaccins fondés sur le renforcement des anticorps ont montré des résultats encourageants en utilisant de nouvelles techniques pour assurer une immunité durable, le vaccin français n’est qu’en phase 1, c’est-à-dire en étude de sa tolérance * et on est encore loin d’une vaccination généralisée. C’est ainsi que la mise au point de ce vaccin reste un des principaux défis à relever pour venir à bout de l’épidémie VIH. »
* Avant d'envisager la commercialisation d'un candidat vaccin, la phase 1 doit être confirmée par une phase 2, mesurant son efficacité puis une phase 3, mesurant sa durabilité. Malheureusement, il y a déjà eu des candidats vaccins dont l'efficacité durable ne s'est pas confirmée lors des essais.
SI VOUS SOUHAITEZ APPROFONDIR...
- l'interview sur France Inter du professeur Yazdan Yazdanpanah, directeur ANRS Maladies infectieuses émergentes, chercheur à l'Inserm, chef de service Maladies infectieuses et tropicales, à l'hôpital Bichat à Paris (29 juillet 2024) ;
- l'article publié par Aides «Prep injectable : grande efficacité du Lénacapavir, mais quelle accessibilité ?» (13 septembre 2024).
- sur le site du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, l'article «VIH/SIDA : point sur les recherches et les pistes pour une prévention plus efficace », et plus particulièrement l'encadré intitulé « Les résultats encourageants d'un candidat vaccin» ;
- sur la version en ligne du mensuel Sciences et avenir - La recherche, l'article plus technique : «VIH, un vaccin français obtient des résultats encourageants» (mars 2023).
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[…] commencent à se dessiner : lire à ce sujet, sur notre site, l'article du professeur Courpotin, « Lutter contre le VIH/SIDA en 2024 », publié le 25 novembre […]
Merci au Professeur COURPONTIN pour ce tour d'horizon sur le VIH/SIDA et sa sonnette d'alarme sur les risques de banalisation de l'infection à VIH.
Esaïe Yaya KPAPILE