Rita Kangba, responsable de la maison Sainte-Monique<br />Crédit : Association Yendouboame

(Photo Association Yendouboame)

Rita Kangba, responsable VIE de la maison Sainte-Monique

« J’étais déjà là en 1999, quand l’association Vivre dans l’Espérance s’est créée. J’avais perdu mon grand frère, sa femme et l’un de leurs deux enfants, l’année précédente. Mon petit frère venait de tomber malade à son tour. Je n’avais plus d’argent pour le soigner.

J’étais allée en classe avec l’une des religieuses de l’hôpital pour enfants. Elle m’a conseillé de m’adresser à Sœur Marie Stella. Je lui ai raconté le drame que je vivais. Elle a proposé que mon frère se fasse tester. Il a accepté. Il était séropositif. Ce fut un choc ! Et sa copine aussi. Elle était enceinte… Nous n’avions pas les antirétroviraux à l’époque. Je venais tous les mois chercher des antibiotiques pour eux. Le bébé, la petite Delphine, est née. Mais la maman n’a pas tenu le coup. Elle est morte en 2000 et mon frère l’a suivi l’année d’après. Heureusement, grâce aux sœurs qui avaient demandé à sa mère de ne pas l’allaiter, pour ne pas la contaminer, Delphine est séronégative. Elle vit à Sainte-Monique.

À l’association, j’ai été portée par la force des sœurs et du groupe des « Amis de saint Augustin » qui, comme moi, avaient accompagné des proches jusqu’au bout. Ils allaient repérer les malades qui se cachaient pour les convaincre de venir à Vivre dans l’Espérance. Mais mon mari, qui a deux autres femmes, ne supportait pas que je soigne ma famille et que je me montre à l’association. Il avait peur qu’on nous soupçonne d’être malades. Notre couple s’est défait et j’ai quitté le foyer avec mes enfants en 2003.

J’ai réfléchi à ce que je voulais faire de ma vie. Un jour, j’ai vu quatre frères et sœurs qui pleuraient dans la rue : après la mort de leurs parents contaminés, ils avaient été chassés de chez eux par leurs oncles. Je n’en ai pas dormi de la nuit : ces enfants risquaient de sombrer dans la délinquance et la prostitution.

Je suis allée dire à Marie Stella que j’étais prête à prendre en charge les dix-huit orphelins pour lesquels nous avions des chambres en location car nous n’arrivions pas à les placer dans des familles d’accueil. Aujourd’hui, je m’occupe d’une centaine de filles et tout-petits. Les grands garçons sont à l’autre bout du quartier, à la maison Saint-Augustin avec une autre maman. C’est dur car ce sont des enfants qui ont beaucoup souffert. Et ceux qui sont séropositifs n’aiment pas prendre les médicaments. Il faut beaucoup les surveiller et les encourager. Mais ces enfants sont très solidaires et participent tous volontiers à la vie de la communauté. Nous sommes devenus une grande famille ! »

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