Marcel Sema, directeur adjoint de Vivre dans l’Espérance

« Quand j’étais adolescent, j’ai vu pour la première fois un patient décharné, en train de mourir du sida, à l’hôpital de Dapaong. J’ai alors découvert la réalité horrible de cette maladie dont j’avais entendu parler mais que je ne connaissais pas. Cela m’a interpellé : quelques années plus tard, alors que je me destinais à la vie religieuse, j’ai compris que je voulais plutôt servir l’Église en travaillant avec les malades. » C’est ainsi que Marcel Sema, aujourd’hui directeur adjoint de Vivre dans l’Espérance, l’association fondée par sœur Marie Stella au nord du Togo, raconte le tournant décisif qu’a pris sa vie.

En 1999, alors qu’il prépare son bac, il passe proposer son aide à cette jeune religieuse qui vient de fonder une association, Vivre dans l’Espérance (VIE), pour venir en aide aux personnes séropositives, rejetées par leur famille et par, toute la société. Tandis qu’il devient bénévole, sœur Marie Stella se rend,
compte de ses qualités d’écoute et est convaincue par sa proposition d’apporter un accompagnement psychologique aux enfants et aux adultes frappés par le VIH. « C’était, à l’époque, en l’absence de traitements, pratiquement la seule prise en charge que nous pouvions proposer », se souvient-il. C’est d’ailleurs cette expérience qui l’amènera plus tard à préparer un mémoire sur « l’influence de l’entourage sur l’évolution du vécu psychologique des personnes vivant avec le VIH ».

Car Vivre dans l’Espérance l’aide à poursuivre ses études universitaires tandis que Marcel consacre ses vacances à l’association. En 2005, sa maîtrise en poche, il devient le psychologue salarié de VIE. À ce moment-là, l’association subit le scandale d’un détournement de fonds par un administrateur de projet indélicat : « Je me suis dit qu’il fallait aussi les accompagner sur le plan administratif et sur la coordination financière. » Le jeune homme plonge alors la tête dans la gestion de l’association dont il devient le « numéro 2 », soit le directeur adjoint, en 2007, tout en continuant de suivre enfants et ados qui l’appellent « papa ».

À partir de 2013, il va régulièrement se former en Afrique du Sud à la méthode dite des « Boîtes à mémoire », pour aider chaque orphelin du sida à gérer ses traumatismes en l’encourageant à s’appuyer sur ses souvenirs de famille, son histoire et sa culture. Il est aujourd’hui le formateur référent de cette méthodologie pour le Togo.

Il séjourne aussi à Lille, en France, chez les Apprentis d’Auteuil, se forme à la gestion de projets, car Vivre dans l’Espérance a grossi et se développe en partenariat avec de nombreuses associations et fondations européennes. C’est ainsi qu’il est aujourd’hui le premier contact d’Enfants de l’Espoir quand il s’agit de planifier la construction d’une école primaire ou d’une maternité…

Avec son épouse, elle-même psychologue, il élève ses trois enfants ainsi que… cinq confiés par l’association. « Mais en Afrique, ce n’est pas un problème, explique-t-il en riant. Chacun des aînés prend en charge un plus jeune et tout le monde s’entraide pour s’élever ensemble, même si les parents sont très occupés. »

Depuis quelques années, VIE a recruté une psychologue pour le soulager dans l’assistance directe aux enfants et, surtout, aux adolescents. Ce qui a permis à Marcel de soutenir sa thèse sur la « problématique de la résilience chez les orphelins et enfants rendus vulnérables par le VIH/SIDA dans la région des Savanes au Nord-Togo » en 2021, avec mention « très honorable » et les félicitations du jury ! Aux côtés de la directrice, Sr Marie Stella, le Dr Marcel Sema, est un homme heureux d’avoir réalisé sa passion même s’il avoue ne jamais se reposer.

Sophie Laurant, secrétaire générale d'Enfants de l'Espoir,
grand reporter à l'hebdomadaire Le Pèlerin

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