Hélène Durand, présidente de Yendouboame, association cofondatrice d’Enfants de l’Espoir

En 1894, Hélène, jeune infirmière angevine de 24 ans, part à Dapaong effectuer son stage de fin d’études dans l’hôpital pour enfants Yendube, géré par la communauté des Augustines hospitalières de Saint-Amand-les-Eaux. Marquée par son séjour auprès de sœur Geneviève, la directrice, « une femme très impressionnante » selon ses mots, et par leur mission de lutte contre la mortalité infantile énorme dans cette région du Nord-Togo, zone dépourvue en soins pédiatriques, Hélène a un peu de mal à se réadapter à la vie occidentale. Elle reste en lien avec les sœurs.

En 2000, de retour à Dapaong, elle rencontre sœur Marie Stella, fraîchement diplômée. L’apparition du sida a favorisé, en l’absence de traitement curatif, le développement de la prise en charge spécifique par les soignants des personnes atteintes sans espoir de guérison. « On a alors beaucoup échangé, raconte Hélène. J’ai lu son mémoire de fin d’études sur le thème de la prise en charge des malades atteints du sida en l’absence de traitement antirétroviraux. Sœur Marie Stella venait alors de fonder l’association Vivre dans l’Espérance (VIE) pour aider les malades du sida à mourir dans la dignité, et soutenir les enfants orphelins… » Cette rencontre a été décisive pour Hélène qui se forme et oriente sa carrière professionnelle vers les soins palliatifs en France, à l’hôpital, puis à domicile.

Hélène est aussi bouleversée par une petite patiente, Anne-Marie, une enfant malade, abandonnée, pour laquelle sœur Marie-Stella cherche une solution d’hébergement : « J’ai alors décidé de la parrainer, je lui ai offert une poupée, je me suis engagée à veiller sur elle ! » L’infirmière apprend par la suite qu’Anne-Marie résiste au virus, se bat pour vivre car elle se sent soutenue par sa marraine : « J’ai compris que la lutte contre le sida devenait une priorité et j’ai réussi à convaincre une vingtaine d’amis ou personnes de la famille de me suivre et de soutenir d’autres enfants dans le sillage d’Anne-Marie. J’ai alors monté des expositions en faveur de la santé des enfants pour témoigner et mobiliser…»

Parallèlement, sa sœur, Marie-Thérèse, institutrice, se met en lien et participe à un échange scolaire avec une école de brousse, à Babogou, non loin de Dapaong.

De nouveau à Dapaong en 2008, Hélène avec sa famille décident d’aller à la rencontre des enfants pris en charge par l’association VIE, les enfants de l’hôpital pédiatrique et les enfants des écoles. C’est lors de ce séjour que Michèle, sa belle-sœur, visitant un service de l’hôpital rencontre un petit garçon de 3 ans, nommé Yendouboame, aveugle et malade. Ses parents l’ont abandonné à son grand-père lui aussi malade, sans moyens. Michèle décide de le prendre sous son aile, finance son hospitalisation. Grâce à sa présence, il a pu être sauvé.

Au retour, « comment imaginer ne rien faire tellement les besoins sont importants ? s’interroge Hélène. Nous avions été touchés par la mission de l’association VIE, par le courage des enseignants et la pauvreté des patients de l’hôpital Yendubé. » C’est ainsi qu’avec sa famille et un groupe d’amis, elle a créé Yendouboame, sans budget mais avec la certitude que les personnes de leur entourage allaient s’investir pour l’enfance vulnérable du Nord-Togo, par des actions directes, pour donner à chacun la chance de manger à sa faim, de se soigner et d’aller à l’école. L’association a emprunté le prénom de ce petit garçon sauvé de l’hôpital : « Yendouboame » - qui signifie en moba (dialecte de la région) « Dieu est avec vous ».

Aujourd’hui, entre donateurs et adhérents, une centaine de personnes suivent l’association Yendouboame, dont les objectifs se concentrent essentiellement sur les parrainages d’enfants orphelins touchés par le sida, l’accès à une suffisance alimentaire, aux soins, à l’éducation. Les actions sont toujours en lien avec les besoins et les priorités définis par VIE qui reste en étroit contact.

Yendouboame a été à l’initiative en 2018, d’une tournée en France, la chorale Soli’chœur, formée de jeunes chanteurs et danseurs de Vivre dans l’Espérance. C’est en mettant au point ce projet fédérant toutes les associations de soutien à Vivre dans l’Espérance, qu’a germé l’idée de créer Enfants de l’Espoir, pour mener des actions en cohérence, rassembler nos énergies, partager nos difficultés. Le travail en réseau est une force pour avancer.

« Aller à la rencontre du plus faible, des plus démunis, des enfants abandonnés, des orphelins, vous bouleverse et vous dynamise pour agir, conclut Hélène. Des liens se créent et, à votre tour, vous créez du lien pour être plus fort à lutter contre les inégalités, pour donner leur chance à des enfants, pour les aider à construire leur avenir. »

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